Commençons par un petit rappel historique… 🦕🦕🦕
Les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) sont des formations supérieures préparant aux concours d’entrée des écoles d’ingénieurs, vétérinaires, de commerce, de l’ENS (École Normale Supérieure)…
Elles durent 2 à 3 ans et sont hébergées dans les lycées, donc sont publiques pour la plupart (85%). Pour y accéder, les élèves sont sélectionnés sur la base de leur dossier Parcoursup et les professeurs qui y enseignent sont généralement agrégés.
D’abord scientifiques au 18è siècle pour les concours militaires, on voit apparaître des CPGE littéraires (Khâgnes) à la fin des années 1800 pour préparer le concours de l’ENS rue d’Ulm, et des prépas HEC (commerce) à partir de 1920 au lycée Carnot à Paris.
La CPGE est une particularité française.
En 1980, on comptait environ 43.000 étudiants inscrits en CPGE, et depuis une dizaine d’années, 85.000 étudiants dont 1/3 à Paris, avec une répartition nationale de 60% en voie scientifique, 25% en voie économique & commerciale et 15% en voie littéraire.
Cela représente 12% des bacheliers d’une génération. Les bacheliers technologiques STI2D, STL, STAV pèsent pour 7% dans les effectifs des CPGE scientifiques, tandis que les bacheliers STMG, pour 12% en CPGE économiques & commerciales.
Le nombre d’étudiants en CPGE qui n’avait cessé de croitre depuis l’origine décline maintenant régulièrement pour deux raisons :
-d’une part, l’offre post bac des écoles avec des programmes en 3, 4 ou 5 ans s’est considérablement étoffée, pour répondre à la demande des étudiants dont le nombre a été multiplié par 8 en 50 ans (hausse de la démographie, du taux de réussite au bac et du pourcentage de bacheliers dans une classe d’âge) et à la volonté des écoles d’atteindre une taille critique pour résister à la concurrence internationale,
-d’autre part, les grandes écoles accessibles post prépa proposent aussi des voies d’accès en Master après 3 années d’études, qu’on appelle AST (Admission sur Titre), avec de plus en plus de places.
Cela a généré beaucoup de confusion ! Parallèlement, l’Université a développé des cursus sélectifs et attrayants comme les CUPGE, les doubles licences, les licences avec parcours spécifique ou les CPES, et les jeunes en s’ouvrant à la mobilité internationale, ont également la possibilité de faire un bachelor de renom dans une École ou une Université à l’étranger.
Alors pourquoi faire une prépa ? 🤔🤔🤔
La question mérite d’être posée quand on pense aux inconvénients : charge de travail très importante allant parfois jusqu’au sentiment de noyade, enseignements théoriques voire abscons avec certains professeurs, compétition entre élèves dans les CPGE élitistes, perte de confiance due à la baisse des notes…la prépa peut pour certains ressembler à une descente en enfer.
D’accord… mais la CPGE peut aussi être salvatrice pour d’autres, car elle permet d’acquérir des méthodes de travail, d’apprendre à s’organiser et gérer son temps, de se remettre constamment en question pour progresser, de s’appuyer sur le collectif pour gagner en efficacité, de s’enrichir intellectuellement, de développer son aisance à l’oral…et dans l’adversité, de se faire des amis pour la vie.
Grâce aux matière humanistes, la prépa apprend à synthétiser, analyser, argumenter, développer son esprit critique ; tout simplement à réfléchir, ce qui sera utile ensuite aussi bien dans la vie professionnelle que personnelle.
Et donc, comment choisir ? Comment savoir si on s’épanouira en prépa et si le jeu en vaut la chandelle?
En premier lieu, il y a 2 prérequis incontournables pour aller en prépa :
-d’abord, avoir envie de fournir beaucoup de travail et aimer ça,
-ensuite, avoir un bon voire très bon dossier scolaire avec une moyenne supérieure à 15/20. Il est devenu quasi impossible de comparer les notes, car le poids du contrôle continu dans le nouveau bac octroie une indépendance dans la notation à chaque professeur, mais pour être accepté en prépa, il faudra se situer au-dessus de la moyenne de sa classe (idéalement dans le 1er tiers) et même culminer tout en haut des classements par matière pour viser les meilleures prépas nationales.
Je rajouterais 2 autres conditions : pouvoir travailler plus qu’en terminale et avoir du mental.
Voyons maintenant les différents cas de figure avec une projection sur 5 ans 🧐🧐🧐
1-Faire une CPGE pour intégrer les meilleures écoles : cela reste la voie royale car c’est le concours post prépa qui propose le plus de places en Grade Master, la stratégie et l’ambition peuvent donc être des moteurs supplémentaires. Pour les écoles moins bien classées, ce n’est en revanche pas un bon calcul, mais j’ai rencontré des jeunes qui bien que n’ayant pas eu une école du top 10, estiment malgré tout être ressortis grandis de la prépa.
2-Faire une école/un institut post bac en 5 ans : cela ne permet pas d’accéder aux formations du haut du classement, mais certains établissements sont plutôt bien positionnés (IESEG, INSA, UT…). Pour les très bons dossiers scolaires, c’est même « la solution de facilité » quand il n’y a pas d’épreuves écrites de sélection, pour ceux dont la motivation est de basculer très vite vers un enseignement appliqué. En outre, quand il y a un concours à passer en terminale, cela laisse l’opportunité à des dossiers scolaires moins brillants de tirer leur épingle du jeu, à condition de s’investir un minimum dans la préparation.
3-Partir à l’étranger faire un bachelor, puis passer les concours AST pour entrer en Master : cela va développer une grande ouverture, mais d’une part les places en admissions parallèles ne sont pas toujours nombreuses, et d’autre part, s’adapter à un nouveau pays à 18 ans en même temps qu’on quitte le nid familial n’est pas donné à tout le monde, surtout quand on n’a jamais eu d’expérience d’expatriation.
4-Aller à l’université en licence ou dans une formation sélective type CPES, IAE, double licences, CUPGE puis passer les concours AST : c’est intéressant pour les étudiants qui ont besoin de gagner en maturité, mais qui sont toutefois autonomes dans leur travail. Pour les formations sélectives, il faudra néanmoins avoir un bon dossier scolaire, et dans tous les cas passer un concours en 3ème année de Licence, en même temps que soigner ses notes du 1er semestre, importantes pour l’accès aux Masters… qui eux aussi sont sélectifs. Donc la charge de travail est doublée en début de L3, et on travaille alors… comme en prépa.
5-Faire un BTS ou BUT puis postuler en AST, mais ne rêvons c’est mission impossible dans les écoles les plus prestigieuses. C’est toutefois faisable dans les plus petites écoles, ou dans les écoles de milieu de classement en envisageant un cursus en alternance ou en faisant…une année de prépa ATS (adaptation Technicien Supérieur).
6-Ne pas viser le grade Master après un bachelor ou un BBA français, mais plutôt un MSc : dispensé par une Grande École, il bénéficie de sa réputation mais le diplôme n’est pas reconnu par l’État (pas de grade Master, donc). C’est un parcours en 18 mois à 2 ans, dont 4 à 6 mois de stage, qui s’il est bien choisi, devient un stage de pré-embauche. Le MSc est tourné vers l’international, il a une visée professionnalisante et permet de mettre l’accent sur une spécialisation.
En conclusion 🎯🎯🎯
Vous l’avez compris, il n’y a pas de réponse universelle, chaque élève est un cas particulier et chaque formation a ses avantages et ses inconvénients. Pour trancher il faut apprendre à se connaître et bien réfléchir à ses objectifs, ses contraintes, ses moteurs, ses capacités… ce que permet le bilan d’orientation : connaissance de soi, projection métiers, choix de cursus en adéquation avec l’objectif et le profil du jeune.
Une fois l’orientation établie, le travail est facilité dans Parcoursup, mais l’enjeu devient stratégique : dans un contexte de sélectivité quasi générale des cursus, comment faire preuve de réalisme et bien remplir son dossier pour décrocher une place dans les formations voulues ?
Si vous souhaitez vraiment tout savoir, voici pour finir le panorama des classes prépas 📚📚📚
1-CPGE scientifiques
A/mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur pour former des ingénieurs
-en première année, CPGE MP2I, MPSI, PCSI, et PTSI, TSI, TPC pour les bacs technologiques
-en seconde année, CPGE MPI, MP, PC, PSI, et PT, TSI, TPC, ATS pour les bacs technologiques et BTS/BUT
Préparation aux concours : Écoles normales supérieures (ENS), École polytechnique, Mines-Ponts, Centrale-Supélec, Instituts nationaux polytechniques (CCINP), e3a, EPITA-IPSA-ESME, Écoles militaires
B/biologie et sciences de la Terre pour former les biologistes, vétérinaires et géologues
CPGE BCPST,TB, ATS biologie
Préparation aux concours : agronomiques et vétérinaires, Géologie Eau et Environnement.
En parallèle il existe des concours communs post-bac (Geipi Polytech, Avenir, Advance, Puissance Alpha) ou des admissions sélectives publiques (INSA, UT) qui sélectionnent les élèves postbac et découpent le cursus en 2 ans de prépa intégrée et 3 ans de cycle ingénieur.
2-CPGE littéraires
Hypokhâgne ou Lettres supérieures pour la première année,Khâgne ou Première supérieure pour la seconde année.
A/filière purement littéraire, appelée « Lettres » qui prépare aux (ENS), écoles supérieures de commerce et de gestion, instituts d’études politiques (IEP), à l’Ecole Nationale des Chartes, aux écoles de traduction et d’interprétation (l’ESIT ou l’ISIT).
La première année hypokhâgne A/L donne accès en seconde année aux deux types de khâgne : A/L Ulm dite classique ou LSH Lyon dite moderne.
-les khâgnes « A/L », préparent le concours A/L de l’École Normale Supérieure de Paris, rue d’Ulm à Paris, avec un enseignement de langue ancienne (latin ou grec ancien),
-les khâgnes « LSH » (Lyon – Lettres et sciences humaines), préparent le concours de l’ENS de Lyon, avec un enseignement de géographie, ainsi qu’au concours d’officier de l’École de Saint-Cyr.
B/ la filière « Lettres et sciences sociales » ou B/L
-avec en plus un enseignement en mathématiques et en sciences économiques et sociale, et toujours les mêmes matières littéraires (philosophie, lettres, histoire, langues vivantes, géographie et langues anciennes en option).
-les khâgnes B/L préparent les concours de l’École Normale Supérieure de Paris, ENS de Lyon et de Paris-Saclay, mais aussi les concours de l’ENSAE et de l’ENSAI, les concours des Écoles de commerce, des IEP de Province, Sciences Po Paris (après une 3ème année), du CELSA ou Dauphine.
3-CPGE économiques et commerciales
La CPGE ECG ou ECT (bac technologique STMG) prépare aux concours des Écoles supérieures de management, de commerce et de gestion (HEC, ESSEC, ESCP, EDHEC, EMLyon, SKEMA, Audencia, NEOMA, GEM…).
-En ECG les matières enseignées et présentes aux épreuves écrites sont les mathématiques (approfondies OU appliquées), l’Histoire-géographie et la géopolitique du monde contemporain HGG OU l’Économie, sociologie et histoire du Monde contemporain (ESH), la culture générale (philosophie et français), deux langues vivantes (dont l’anglais).
-En ECT on a des épreuves d’économie-droit, management-gestion, culture générale (philosophie et français), mathématiques, deux langues vivantes (dont l’anglais).
Il existe aussi les voies juridiques et économie-gestion des prépa ENS Rennes D1 et Paris-Saclay D2, dans lesquelles une partie des cours a lieu au lycée et l’autre dans une université partenaire. Les matières enseignées à l’université varient d’une CPGE à une autre. Les matières enseignées en prépa sont l’économie, la culture générale et l’anglais, et en D1 le droit civil, au choix droit public / mathématiques / droit des affaires ; en D2 les mathématiques et au choix histoire des faits économiques / gestion. La LV2 est facultative mais indispensable pour les concours des Ecoles de commerce.
-la prépa D1 prépare à l’ENS, aux Écoles de commerce, magistères de Droit, Celsa, IEP, Écoles de journalisme
-la prépa D2 prépare à l’ENS, à l’ENSAI, aux Écoles de commerce, magistères d’Économie ou de Finance, IEP, IAE.